Comment faire ? Ils sont plus forts que moi [Demyan]

Le miroir te renvoie cette image toujours aussi parfaite. Tu passes une main dans tes cheveux, en te demandant si quelque fois tu ne le fais pas trop. Bien évidemment, la réponse est non. Ton image compte beaucoup. Elle te permet d'être sûr de toi, d'accueillir avec fierté les compliments, les éloges. Par ton visage, tu renvoie au peuple toute la beauté de la famille royale. Oh, Tasha est parfaite, elle aussi - peut-être un tout petit peu moins que toi, bien que ce soit difficile à tes yeux de la considérer comme une adulte et de la transformer en objet de désir pour le peuple ; Isaak, lui... eh bien, s'il a eu la couronne c'est au moins cela, il n'a jamais jamais réellement prêté attention à la justesse de ses cheveux ni même à la longueur de sa barbe, il fait le strict nécessaire.

Quelqu'un dans ton dos annonce la princesse Tasha et tu te renvoie ton plus beau sourire dans le miroir tandis qu'elle entre dans tes appartements. Bonjour, Demyan Tu détournes quelques secondes le regard pour la détailler et t'assurer que tout va bien, mais tes yeux sont irrésistiblement attirés par ta propre image. Comment vas-tu ? demandes-tu en te laissant encore quelques secondes pour te regarder. Tu finis par te faire une raison, et juste après t'être fait un dernier clin d'œil à toi-même, tu lui montres d'un geste de la main les fauteuils à quelques pas de vous. Laissez-nous, s'il vous plaît demandes-tu d'un geste de la main en jetant un coup derrière son épaule, et tu viens l'entraîner à ta suite pour qu'elle s'asseye face à toi. Pas la peine d'être quinze dans la pièce pour que ta petite sœur te rende visite. Raconte-moi, comment se passent tes journées ? Tu manges bien, tu as l'air bien pâle ? Tu prend suffisamment de bains ? tu la jauges comme si elle était une petite fille, parce qu'à tes yeux elle reste ce petit oiseau en cage qui n'a pas encore le droit de grandir. Peut-être arrivera-tu à dépasser ce stade sans que cela ne te brise le cœur, peut-être y seras-tu obligé lorsque tu pourras la sortir de cette prison gigantesque, mais pour l'heure, tes yeux voient difficilement la jeune fille fière qu'elle est devenue.

Elle répond doucement à ta question, et tu ajoutes machinalement Oui, oui..., obnubilé par ton reflet, avant de quitter ton miroir pour que vous vous asseyiez face à face dans les fauteuils. Tu relèves la garde de ses fonctions le temps de l'entrevue avec la jeune fille, et tu poses tes yeux sur elle.

Elle est si douce, la petite princesse. Assise dans le fauteuil face à toi, comme si elle n'avait pas trop l'habitude d'être là, les doigts nerveusement croisés. Pourtant, vous passez beaucoup de temps ensemble. Enfin... Tu essaie de lui accorder autant de temps que tu peux. Parfois, vous obligations vous empêchent de partager ne serait-ce que les repas pendant quelques jours, mais tu la tiens toujours à l’œil. Surtout depuis les petites rumeurs qui ont couru au palais sur ses tête-à-tête avec un esclave. Même si tu en as discuté avec le jeune homme, tu préfères qu'il ne lui tourne pas trop autour, et que si elle le demande, il t'en informe tout de suite. Ce qu'il semble avoir fait correctement, bien que tu n'aie pas eu beaucoup de ses nouvelles. Tu poses ton coude sur l'accoudoir du fauteuil et viens caler ta tête dans le creux de ta main en regardant la petite princesse avec des yeux tendres. À vrai dire... j'ai un peu de mal à manger en ce moment. J'ai un soucis et je ne m'en sors pas seule. J'ai besoin de mon grand frère pour ça. Elle semble si mal à l'aise, que tu cœur s'arrête. Te demander quelque chose ? Tu espères que cela n'a rien à voir ni avec Irina, ni avec Isaak. Tu crains les intentions de la vipère depuis le couronnement de ton frère, mais tu n'en a pas vraiment fait part à Tasha. Se serait-elle rendue compte de quelque chose ?

Elle baisse les yeux sur ses mains, et tu te lèves à nouveau pour t'approcher d'elle. Tu prends son menton entre tes doigts, et tu lui fais relever la tête. Quelque chose te fais peur ? Quelqu'un te cause du tord ? Dis-moi ce que je peux faire pour t'aider. Si c'est Irina... Tu sais que tu ne devrais pas la laisser tourner autour de la princesse, elle a une mauvaise influence sur elle. Tu caresses sa joue. Si je peux faire quelque chose, je le ferais. Auquel cas nous trouverons une solution tous les deux.

Elle a l'air si triste, alors que tu tiens son visage entre tes doigts. Tu commences à lui demander si quelqu'un lui cause du tord, et elle réfute tout de suite cette hypothèse. Non, personne ne me cause du tort ! C'est déjà ça... Bien que, tu vois difficilement autre chose qui pourrais la mettre dans cet état. Tu l'incites à continuer, en lui assurant que tu l'aiderais. Que pourrais-tu lui refuser ? Elle, la petite sœur si parfaite et si fragile, si chère à ton cœur. Elle prend encore quelques minutes avant de se lancer, avant de lui raconter ce qui la taraude autant. Tu ne cesses de la fixer, pour l'aider à parler. Elle prend une grande inspiration. Bon sang, est-ce si difficile que ça à avouer ?

Je... je suis amoureuse. Vraiment. Amoureuse ? Ton petit cœur se serre à l'idée que la jeune princesse ait trouvé un prétendant. tu la trouves encore trop jeune mais... Après tout, adviendra bien un jour où elle devra grandir. Quand je suis avec lui, je me sens tellement bien. Il me fait me sentir exceptionnelle. Tu ne dis rien, mais tu penses la même chose. Bien sûr, elle est toujours exceptionnelle. Mais l'amour - même si ton cœur n'a pas encore trouvé celle qu'il te faut, c'est quelque chose qui nous fait sentir mieux. Et il l'est, lui aussi. Il est courageux, fort, rêveur, gentil... Tout est si parfait quand je suis avec lui ! Mais... mais il n'a pas le même rang que moi. Elle a baissé les yeux quelques instants, et tu restes indécis ; préférant qu'elle termine de parler. Pas le même rang ? Comment ? Le peuple vient rarement au palais, elle a difficilement pu rencontrer quelqu'un en dehors de la cour. De ce que tu sais, la princesse ne sort pas énormément du palais, auquel cas, tu es toujours au courant. C'est un esclave. Il s'appelle Kieran. Il nous a accompagnés au cirque, si tu te souviens ? Tu rates un battement. Kieran ? L'esclave ? Hein ? Les mots se mélangent dans ta tête, ton visage reste de marbre alors que tu essaie de recoller les morceaux entre-eux. Elle te regarde, et elle attend probablement une réaction ; mais tu n'es pas certain d'avoir vraiment entendu. Après un temps qui doit lui sembler infiniment long, tu lâches son visage et tu recules. Tasha je ne suis... Tu ne termines pas tes mots, et tu te lèves pour réfléchir. Tu lui tournes le dos, et tu passes une main fébrile dans tes cheveux. Bordel mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Un esclave. Kieran, qui plus est. Bien sûr que tu sais qui c'est, pas plus tard qu'il y a quelques moins, tu l'as fais asseoir dans ce fauteuil, celui-là même où la jeune Tasha est assise. Oh bordel, si Isaak savait ça ; si même Irina tombait sur une information comme celle-ci. La dernière fois, déjà, cette histoire a mal terminé.

Tes pensées défilent rapidement, alors que tu ne sais pas quoi lui dire ; c'est complètement insensé, et elle le sait. Elle ne serait pas venue en parler à toi auquel cas. Dis-moi que c'est pas vrai. Tu es froid, et tu ne la regardes même plus. Tu t'avances dans la pièce, poses un bras contre le chambranle de la fenêtre, et ton front vient rencontrer la pierre brûlante pour essayer de mettre en ordre tes émotions. C'est pas le moment, Tasha, bordel. N'y avait-il pas dix mille autres personnes à aimer dans cette ville. Un esclave. Tu te laisses quelques secondes, des minutes même peut-être, et tu retournes ton regard vers elle. Comment est-ce possible ? Je veux dire, tu ne devrais pas pouvoir... Et si quelqu'un apprend ça, Tasha. C'est inconvenant. Tu ne peux pas et.. Tu es inconsciente ! Tu t'agaces plus que tu ne le voudrais, et tu mélanges peut-être un peu les mots.

Tu as promis de l'aider, mais à quel prix ?